Urgence dans les écoles: vers une Charte de Compétence Collective Amiante.

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Il faut se souvenir que l’affaire de l’air contaminé a basculé dès aout 1994, par la mort du sixième enseignant du lycée professionnel de Gérardmer, dans les Vosges.

AMIANTE SUSPECTE AU LYCÉE APRÈS UN NOUVEAU DÉCÈS

Mardi, 23 Août, 1994 – L’Humanité
UN sixième enseignant du lycée professionnel de Gérardmer, dans les Vosges, est décédé d’un cancer, samedi, à l’âge de cinquante-six ans. François Claudel était le père de trois enfants. Sa famille, dit-on, pourrait porter plainte contre X, comme l’ont fait les veuves de quatre des cinq enseignants du même lycée décédés de la même maladie ou d’une sclérose.
Ces dernières ont saisi le juge d’instruction de Saint-Dié pour homicide involontaire. Elles notent que toutes ces personnes, pendant des années, ont donné des cours dans ce lycée professionnel industriel, spécialement dans un atelier dont la couverture aurait contenu de l’amiante.
Elles demandent à la justice d’établir si de l’amiante a bien été employée pour réaliser le plafond et que soient dégagées les «négligences et les imprudences qui ont pu causer la mort de leurs maris». Les veuves disent agir dans l’intérêt des 350 élèves et du personnel qui fréquentent ce lycée.
Une information judiciaire a été ouverte, mais seules trois des plaintes déposées peuvent être instruites, la quatrième tombant sous le coup de la prescription. Le conseil général du département a engagé des travaux de réfection dans l’établissement. Depuis 1978, le recours à l’amiante pour l’isolement des plafonds a été abandonné.
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25 ans plus tard, un collectif de 13 organisations syndicales ou associatives lancent un appel: « AMIANTE DANS LES ÉCOLES: URGENCE SANITAIRE! »

En réaction, des dizaines de professionnels relayent, partage l’info, et proposent leurs services, de bonne foi pour la majorité d’entr’eux.

Or, vu le contexte particulier de la situation – concomitance entre l’actualité des procès intentés par des victimes ou leur familles et celle des arrêts de chantiers, de condamnation de professionnels pour non conformité à la réglementation actuelle – , le soutien de ces professionnels peut être vécu, par les acteurs civils, comme une action opportuniste, voire à caractère purement commercial.

Pour éviter ce dilemme, dans une démarche « raisonnable », RésoA+ oeuvre depuis 20 ans pour favoriser la concertation entre partenaires de bonne foi, réunissant acteurs civils et professionnels lors de colloques, groupe de travail, commission normative ou réglementaire.

C’est pourquoi RésoA+ fait partie du collectif de soutien à l’association Urgence Amiante Ecoles et approuve la demande de mise en oeuvre d’un « Plan Amiante » dans l’Education Nationale.

Sol dégradé d’une classe de l’école marseillaise où a enseigné Charlotte MAGRI.

Mais dans l’attente, il apparait tout aussi urgent de pouvoir intervenir localement en soutien, dans les écoles, collèges, lycées, voir locaux universitaires de son secteur d’intervention, dans son « territoire de prédilection ». C’est pourquoi il apparait opportun de mettre en place, concomitamment, plusieurs actions, et notamment:

  • une Charte de Compétence Collective Amiante, qui encadrerait le travail des professionnels d’une part, celui des acteurs civils d’autres part, tout en abordant les conditions de la concertation entre ces acteurs.
  • un Registre de professionnels aguerris qui s’engageraient chacun à:
    • relayer les informations validées par le comité de pilotage de la Charte 3CA, via leur moyens de communication adaptés (support papier, page internet, réseau sociaux…)
    • renseigner gratuitement, lors de permanences téléphoniques, tout acteur civil concerné par une situation de remédiation amiante, selon une fréquence appropriée
    • dispenser, le cas échéant, une mission de « conseils et information » dans le cadre d’une convention tripartite Usager/RésoA+/Professionnel, selon un modèle type et une prestation par un professionnel assuré pour ce type de mission.
    • assurer des missions d’intervention dans leur domaine de compétence respectifs, en cas de réquisition par les autorités compétentes.
    • veiller au bon respect des règles de l’art dans les opérations auxquelles ils_elles participeraient

La mise en place de ce dispositif devrait pourvoir être présenté et discuté lors de l’Assemblée Générale de RésoA+, courant premier semestre 2020.